Les tribulations posthumes de Paganini - 1

Les tribulations posthumes de Paganini, p.49 (Per1)

Article sur les Tribulations posthumes de Paganini, de Barbery BERNARD, in Annales de la Société scientifique et littéraire, p.49 - Cote Per1.

Maupassant dans Sur l’Eau : « C’est dans cet écueil bizarre [Saint-Féréol], en pleine mer, que fut enseveli et caché pendant cinq ans le corps de Paganini. L’aventure est digne de cet artiste génial et macabre, qu’on disait possédé du diable, (…) dont le talent surhumain et la maigreur prodigieuse firent un être de légende. Le fils embarqua sur un navire le cadavre du père et se dirigea vers l’Italie. Mais le clergé génois refusa de donner la sépulture à ce démoniaque (..) [Il] revint alors à Marseille, où l’entrée du port lui fut interdite. Il se dirigea sur Cannes où il ne put pénétrer non plus. Il restait donc en mer, berçant sur la vague le cadavre de l’artiste (…) il vit cette roche nue de Saint-Féréol au milieu des flots. Il y fait débarquer le cercueil qui fut enfoui au milieu de l’îlot. C’est seulement en 1845 qu’il revint chercher les restes de son père. »

En réalité, voici quelques faits, aujourd’hui encore peu vérifiés et vérifiables : Le 27 mai 1840, Paganini agonise … ; or il n’a pas fait ses pâques et n’a pas reçu les sacrements : aussi affirme-t-on, le clergé niçois lui a refusé la sépulture en terre chrétienne... Ce n’est pas tout à fait exact. Le clergé n’a pu refuser ce qu’on ne lui a pas demandé. Et le lendemain le chanoine pénitencier qui aurait dû recevoir la confession de l’agonisant se refuse à donner la bénédiction au corps, ce qui équivaut à une interdiction de sépulture sur tout le territoire sarde… 

Une version autrement sérieuse nous vient du peintre et historien, Lea Pagliari, qui explique que la dépouille de Paganini fut amenée au Lazaret de Villefranche-sur-Mer, avant d’être transportée à la villa Gaglione à Parme, propriété princière. Une tombe monumentale en hommage au compositeur existe bel et bien à Parme. Hector Berlioz, ami du maître et du comte, corrobore cette thèse de Villefranche.

Il est conté … que le clergé fait obstacle systématiquement jusqu’en avril 1844 où les oppositions sont enfin levées et le 17 de ce même mois il est emmené sur le bateau Maria-Maddalena en direction de Gênes. 

La reconnaissance papale : Le pape Pie IX ayant reconnu que Paganini n'était pas le diable…, le corps (mais quel corps ?) est enfin inhumé dans le vieux cimetière de Gênes, puis transféré dans un monument au centre du nouveau cimetière qui vient d'être ouvert.

La communauté musicale étant saisie de doutes, après un tel périple, sur l'authenticité du corps, le cercueil est ouvert en 1893, puis en 1940 à l'occasion du centenaire de la mort de l'artiste...

L’habile Paganini aura suscité bien des légendes non seulement pendant toute sa vie mais même longtemps après sa mort !

 

 

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