Mémoire écrit par le prisonnier en 1792

Mémoire, publié après sa libération
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Lecture par un jeune comédien de l'ERAC

Source : Musées de Cannes

Extrait du Mémoire, évoquant les sévices subis par MacDonagh, placé sous la férule de Montgrand - texte lu par Raphaël Bocobza, étudiant de l'Ecole régionale d'acteurs :

"Grace à la sensibilité de quelques soldats invalides que mes malheurs avoient attendris, je fis tenir au nouveau ministre, un placet dans lequel je réclamais justice & ma liberté. Cette démarche, dénoncée sans doute à Montgrand par quelque secrétaire ou commis du Bureau, parut à ce monstre un délit que deux mois de séjour à la chaîne et sur la paille ne pouvaient pas trop expier. Prêt à succomber par l’épuisement où m’avait réduit un traitement aussi inhumain, ce scélérat ne voulut pas me faire donner les remèdes indiqués, pour rétablir ma santé & réparer mes forces. Blessé même de trois coups de crosse et de canon de fusil, que ce bourreau m’avait fait asséner sur la tête, il eut la barbarie de me refuser un valet pour me tendre à boire, dans les accès brulants d’une fièvre allumée par les contusions qui m’avoient meurtri. Oui, j’ai entendu ce tigre rugir dans les accès de férocité, que la lettre de cachet qui lui livrait un prisonnier, lui donnait, sur ce malheureux, droit de vie & mort ; et c’est par une conséquence affreuse de ces exécrables principes, que Montgrand a fait assassiner à la chaîne un jeune homme, neveu de M. de Rocheblanche.

O vous que la Révolution contredit qu’elle afflige, qui n’avez pu vous défendre du frémissement de l’indignation ou des larmes de la sensibilité ! quel nom donnerez-vous à un régime qui semait avec une égale indifférence autour de l’innocence et du crime, les supplices et les tortures ? Quel nom donnerez-vous à un régime qui, par une scandaleuse impunité, enhardissait ces tyrans subalternes, fiers de l’avilissement de leurs fonctions, à tourmenter les victimes qu’une captivité injuste et incalculable plongeait dans le plus sombre désespoir. Quel nom donnerez-vous à un régime qui, livré à l’incohérence, à la fougue de l’arbitraire, faisait devancer des arrêts de proscription par flétrissure, la calomnie & violait sans pudeur la foi publique & l’asile du Citoyen. Il n’est pas de qualifications assez déshonorantes pour caractériser une pareille administration : il n’est pas de termes assez grands, dignes des efforts qu'ont anéanti tant d’atrocités, il n’est pas d’expressions assez énergiques pour peindre à mes Concitoyens & ma reconnaissance & mon admiration"

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