Les prisonniers d'Etat
La monarchie absolue a enfermé autant d'opposants que de personnes ayant déplu aux souverains, et a parfois "embastillé" une personne ayant simplement contrarié un dessein familial. Des pamphlets sont publiés à l'étranger pour dénoncer cette pratique du pouvoir, comparée à celle de l'Inquisition. Ces prisonniers sont soit entretenus à leurs propres dépens ou aux dépens de leurs proches, ou bien aux frais du Trésor royal, comme les pasteurs protestants.
Les lettres de cachet seront dénoncées par le Mouvement des Lumières, notamment par le comte de Mirabeau, qui fut publié à Hambourg, en 1782. Il est impossible d'énumérer toutes les victimes de cet arbitraire royal. Les cas pour lesquels nous avons de l'iconographie seront détaillés ci-après, mais voici d'autres noms de prisonniers : le chevalier Benoît de Thésut (1653-1698), mis en prison pour avoir menacé son père et qui finit par s'évader ; Saint-André de Villeneuve, mis en prison par sa famille (1688), libéré par l'intervention de sa mère, en 1692 ; Eustache d'Angers, arrivé sur l'île en 1687, mort en 1693 ; un supposé valet de Nicolas Fouquet ; le comte Ercole Matthioli ou Mattioli, proche du duc de Mantoue, accusé d'une mystification diplomatique, agonisant quand il débarque sur l'île ; le comte du Breuil, espion au service de l'Espagne (arrivé sur l'île en 1676) ; Joseph de Lagrange de Chancel (1676-1758) soupçonné de libelles contre le Régent ; le marquis de Grammont, envoyé par ordre de Louis XV aux îles ; l'abbé Margon, mis en prison pour cause de vie dissolue ; Messire Frémont de Mazi, parlementaire emprisonné sur l'île de 1753 à 1754...
Cette liste donne un aperçu de la variété de la qualité des détenus et des motifs d'incarcération : atteintes à la couronne comme protection des familles, affaires de religion ou contrôle des écrits.