La Verrerie
La naissance du quartier se produit véritablement à la création d'une verrerie. A la fin du XVIIIe siècle, la Provence, en partie centrale et orientale, est un pays de forêts, en particulier de pins. La qualité de ce bois est médiocre, mais il se débite bien, est employé pour la charpente, la cuisine, le chauffage ; les bois durs sont transformés en charbon de bois. En 1811, Louis Barthélémy, propriétaire de forêts au pied de la Sainte-Baume, éprouve des difficultés à écouler son bois. Il s'oriente vers le métier de verrier que la famille de son épouse a pratiqué. Il crée ainsi sa première verrerie dans le Var, à Saint-Zacharie, pour utiliser les bois. En 1840, la verrerie Barthélémy s'installe à Marseille, puis à la Napoule, et enfin à La Bocca en 1857 sur des terrains de la famille Négrin. Trois bâtiments et une haute cheminée sont construits, tout près de l’église actuelle. Au début, les ouvriers sont logés dans des cabanes en bois à proximité. Une cité ouvrière est aménagée.
Ce déplacement du centre verrier à La Bocca présente des avantages. Outre le faible coût du terrain et les facilités d'accès aux matières premières, le fils de Louis, Joseph Barthélémy, se place en situation de monopole et contrôle l'approvisionnement de sa clientèle sur une vaste étendue. A l'Est, une seule fabrique artisanale, à Nice ; à l'Ouest, Marseille est à 200 km de La Bocca. Les dunes de sable offrent la matière première pour le verre. Le sable de la plage dite Pierre-Longue sert à la fonte d'un verre bon marché employé pour la confection de "bouteilles noires". La Verrerie Barthélémy fera vivre une cinquantaine de familles, sans compter les forestiers, charretiers, vanniers ; il faut reconstruire les fours qui ne s’arrêtent jamais, la production monte jusqu'à 500 objets/ jour. La nuit, les Boccassiens admirent le spectacle des verriers maniant la canne, faisant gonfler les flacons. En 1867, à la mort de Joseph Barthélémy, la verrerie périclite, faute de descendants mâles, ce qui à l'époque empêche la reprise. A la relève des petits-fils, Paul et Louis Négrin en 1869, il est trop tard. La Verrerie subit la concurrence d'autres usines. Malgré la connexion au réseau ferré (une ligne passait au cœur de l’usine) la position excentrée en France de l'entreprise devient un handicap. Des avaries grèvent son chiffre d'affaires et sa capacité de réinvestissement. La Verrerie éteint ses fours le 30 juillet 1898.
Cf. La verrerie de la Bocca au XIXe siècle, par Franck Poglio, cote AMC BH263. Pour en savoir plus sur l'histoire de la verrerie de la Bocca lire : https://www.departement06.fr/documents/A-votre-service/Culture/archives/recherches-regionales/rr118-1992-05.pd