Vie quotidienne et réquisitions
Ravitaillement alimentaire : en situation de guerre, le ravitaillement des populations est une priorité. La population reçoit des cartes individuelles et des tickets de rationnement dès 1940. L’Allemagne en réquisitionne une partie. La situation est rapidement délicate, aggravée par l’afflux des réfugiés du front. Le département produit peu de choses hormis les fruits et légumes, il dépend de l’extérieur à un moment où les moyens de transport se font rares, d’où une grande irrégularité des arrivages de viande, de pommes de terre, de farine, de produits laitiers, d’œufs… Au marché Forville, en 1942, on ne trouve plus que des potirons, quelques salades, des rutabagas. La pêche est interdite par les Italiens le 3 décembre 1942. Le lieu de distribution à Cannes est situé aux Galeries Fleuries (près de l’actuel Gray d’Albion). Les conséquences sont multiples : queues devant les magasins, sous-alimentation chronique, épidémies (vaccinations renforcées par délibération du 13 novembre 1942), marché noir, fraudes sur la qualité, vols, hausse des prix des denrées non rationnées. Autre facteur de troubles : par appât du gain, les producteurs locaux sont tentés de réserver leurs produits aux hôtels, prêts à dépenser plus.
Transports et énergie : la marche à pied et la bicyclette, pour répondre à la pénurie d’essence, deviennent le lot commun. On assiste à la raréfaction des transports, à l’obligation d’autorisation pour circuler dès 1940. L’éclairage des rues est réduit. Le rationnement au fil du temps empire. On récupère les métaux non ferreux… pour bénéficier de rations supplémentaires.
Système D et marché noir : le marché noir est l’ensemble des transactions parallèles, sans factures ni taxes. Il augmente de 1941-1943 puis semble se réduire et reprend en 1945-1947. La fin de la pénurie le fait cesser en 1948. Les contrevenants sont des commerçants, des producteurs et des particuliers. Les sanctions sont des amendes administratives ou judiciaires avec emprisonnement. Les effets du marché noir sont négatifs : il accentue la pénurie, réduit les rations légales, favorise l’inflation et l’incivisme.
Jardins ouvriers : dès août 1940 on cultive les légumes dans les jardins collectifs. En juillet 1942 la mairie encourage et subventionne les jardins ouvriers, tenus par les associations d’entreprises, comme les Aciéries du nord, la SNCASO, la SNCF.
Habillement : la pénurie de matières premières et les hivers rudes rendent la vie difficile. En cause : la fin des importations de coton, de caoutchouc, de soie, et les prélèvements allemands en laine et en chaussures. Dès le 1er juillet 1941, on instaure la carte textile. Priorité est donnée aux enfants et aux travailleurs. Tout est usé jusqu’à la trame. L’entretien des vêtements est difficile faute de lessive et de savon. Les semelles de cuir sont remplacées par des semelles de bois incommodes et bruyantes.
Pour avoir le récit d'un témoin oculaire de la vie à Cannes, de 1939 à 1944, se reporter à "Un siècle de vie cannoise", paru en 2014, disponible aux Archives, pages 290-295.