Persécutions, arrestations, déportations, espionnage
Lois répressives de Vichy :
- 13 août 1940 : une loi dissout les sociétés secrètes dont la Franc-Maçonnerie.
- 26 août 1939 : interdiction de la presse communiste
- 26 septembre 1939 : dissolution du Parti communiste (pacte germano-soviétique, le 23 août 1939). Henri Pourtalet, député communiste des Alpes-Maritimes est condamné le 1er mai 1940 à 5 ans de prison.
- 17 juillet 1940 : loi excluant de la fonction publique tous ceux qui ne possèdent pas la nationalité française « à titre originaire, comme étant nés de père français ».
- 13 août 1940 : mise sous séquestre de locaux de sociétés secrètes : la loge maçonnique de Cannes est concernée.
- 22 juillet 1940 : loi de révision des naturalisations obtenues depuis 1927.
- 3 octobre 1940 : statut des Juifs : est considéré comme juif quiconque a trois grands-parents juifs, ou deux, si le conjoint est lui-même juif. La loi interdit l'accès des juifs à la fonction publique et dans l'armée au grade d'officiers et de sous-officiers, introduit un numerus clausus pour les professions libérales, les officiers ministériels, les auxiliaires de justice. Elle exclut les juifs des professions de presse, du théâtre, du cinéma et du spectacle.
- 4 octobre 1940 : la loi sur les ressortissants juifs étrangers instaure l'internement par décision du préfet. Un commissariat général chargé des questions juives est créé en 1941.
- 2 juin 1941 : texte qui ordonne un recensement sur l’ensemble du territoire des juifs ; déclaration du changement de résidence.
- 22 juillet 1941 : loi sur les entreprises, biens et valeurs appartenant aux juifs. « Suite à l’arrêté du 23 novembre 1940 sur la liquidation des biens juifs (…) il est permis (de penser) que l‘Etat pourra mettre les villas Rothschild à la disposition de la ville » : délibération du 14 novembre 1941. Expropriations au profit de la ville validées par le Tribunal civil le 29 mai 1943.
- 4 octobre 1941 : la Charte du travail du 4 octobre 1941 est promulguée par l’État français ; elle instaure des corporations par branches d'activité, dissout les syndicats et interdit les grèves.
- 1er janvier 1942 : recensement des juifs étrangers entrés en France après 1936. En janvier 1942, les Nazis mettent en œuvre la « solution finale », c’est-à-dire l’extermination des juifs, des slaves et des tziganes.
Les rafles : en 1943, de nombreux juifs ont quitté le nord pour le sud. On passe de 13 000 personnes en décembre 1942 à 20 000 en mars 1943 et même 22 000 en juin 1943. Le 26 août 1942, une rafle effectuée par policiers et gendarmes, visant 1500 à 2000 juifs étrangers, concerne la Côte d’Azur. Environ 600 sont pris dans les hôtels, dans le département, internés à la caserne d’Auvarre (Nice) puis envoyés à Drancy soit 37% du total prévu, ce qui laisse supposer une relative non implication. 62 personnes sont interpellées dans des hôtels de Cannes. Ce fait marque un tournant car la population, auparavant non avertie, le sait et condamne. On a trace d’un tract diffusé à Cannes dès le 1er août 1942 qui évoque les persécutions dont sont victimes les Juifs, 15 jours après la rafle du Vel d’Hiv ; tract intitulé « Aidez-nous ». Les Italiens accordent leur protection aux nombreux juifs qui vivent dans le Sud-Est. Cela est dû à une absence de tradition antisémite et à la volonté de ne pas paraître inféodé aux Allemands, de ne pas se couper de l’opinion anglo-saxonne, ainsi qu’à l’action du banquier Donati, juif bien introduit auprès des autorités italiennes. Les Italiens empêchent les Français d’arrêter des juifs en situation irrégulière mais c’est un tollé allemand : ils seront placés en résidence forcée. 2000 juifs en situation irrégulière sont assignés à résidence dans des communes comme Saint-Martin-Vésubie.
La grande rafle de septembre 1943 : l’arrivée des Allemands renforce la traque, qui vise près de 30000 personnes en septembre dans le département. Dans la nuit du 8 et 9 septembre 1943, des rafles sont opérées dans les palaces, et perdurent les jours suivants, notamment avec l’arrestation de Tristan Bernard. Des primes sont attribuées aux délateurs. 27 convois quittent Nice pour Drancy du 18 septembre au 15 décembre 1943, avec 1820 déportés. Puis on compte 8 convois en 1944 et 350 déportés (dont Simone Veil).
Son : pour rappeler le contexte de ces années de terreur, un extrait du témoignage de la mère d'Hélène Vagliano, dans son récit intitulé "Hôtes de la Gestapo" (Bh221), où elle raconte ses retrouvailles avec sa fille, l'attitude brutale des miliciens : texte lu et interprété par de jeunes comédiens de l'Ecole régionale d'acteurs de Cannes. L'extrait est inséré dans la rubrique précédente.