La littérature pour enfants, XIXe siècle, 1828

Livre de contes de 1828, ouvrage coté TA509 à la Médiathèque de Cannes

L’ENFANT EN LITTERATURE AU XIXè SIECLE  1 > L’enfant entre dans le roman pour adulte comme personnage digne d’intérêt

Dans les Misérables (1862), V. Hugo suit le parcours de J. Valjean ; celui-ci a promis à Fantine de veiller sur sa fille Cosette, il arrache cette dernière  aux Thénardier, horrible couple qui maltraite la fillette. "Cosette était laide. Heureuse, elle eût peut-être été jolie. Nous avons déjà esquissé cette petite figure sombre. Cosette était maigre et blême. Elle avait près de huit ans, on lui en eût donné à peine six. Ses grands yeux enfoncés dans une sorte d’ombre profonde étaient presque éteints à force d’avoir pleuré. Les coins de sa bouche avaient cette courbe de l’angoisse habituelle, qu’on observe chez les condamnés et chez les malades désespérés. Ses mains étaient, comme sa mère l’avait deviné, « perdues d’engelures ». Le feu qui l’éclairait en ce moment faisait saillir les angles de ses os et rendait sa maigreur affreusement visible. Comme elle grelotait toujours, elle avait pris l’habitude de serrer ses deux genoux l’un contre l’autre.
Tout son vêtement n’était qu’un haillon qui eût fait pitié l’été et qui faisait horreur l’hiver. Elle n’avait sur elle que de la toile trouée ; pas un chiffon de laine. On voyait sa peau çà et là, et l’on y distinguait partout des taches bleues ou noires qui indiquaient les endroits où la Thénardier l’avait touchée. Ses jambes nues étaient rouges et grêles. Le creux de ses clavicules était à faire pleurer."

2 > L’enfant est dans le roman dont il est le destinataire

La Comtesse de Ségur écrit les Malheurs de Sophie en 1858, ce recueil de petites histoires illustre comment une petite fille qui désobéit rencontre toujours ennui, déception ou douleur. "La petite Sophie n’était pas obéissante. Sa maman lui avait défendu d’aller seule dans la cour, où les maçons bâtissaient une maison pour les poules, les paons et les pintades. Sophie aimait beaucoup à regarder travailler les maçons ; quand sa maman y allait, elle l’emmenait toujours, mais elle lui ordonnait de rester près d’elle. Sophie, qui aurait voulu courir à droite et à gauche, lui demanda un jour : - Maman, pourquoi ne voulez-vous pas que j’aille voir les maçons sans vous ? Et, quand vous y allez, pourquoi voulez-vous que je reste toujours auprès de vous ? - Parce que les maçons lancent des pierres, des briques qui pourraient t’attraper, et puis parce qu’il y a du sable, de la chaux qui pourraient te faire glisser ou te faire mal. - Oh ! maman, d’abord j’y ferais bien attention, et puis le sable et la chaux ne peuvent pas faire de mal. - Tu crois cela, parce que tu es une petite fille ; mais, moi qui suis grande, je sais que la chaux brûle. - Mais, maman… - Voyons, ne raisonne pas tant et tais-toi. Je sais mieux que toi ce qui peut te faire mal ou non. Je ne veux pas que tu ailles dans la cour sans moi. Sophie baissa la tête et ne dit plus rien ; mais elle prit un air maussade et se dit tout bas : « J’irai tout de même ; cela m’amuse, et j’irai. »

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