
Le château, le "castrum"
L'éminence très visible que représente le Suquet va bénéficier de fortifications, de défenses, de tours de guet et de batteries, au fil des temps, pour préserver la petite communauté des guerres et des prédations venant de la mer ou de la terre (incursions de corsaires ou de pirates, des Maures ou Sarrasins, batailles entre seigneurs).
Divers seigneurs, civils ou religieux, se partagent le pouvoir sur les terres cannoises, se les redistribuent au gré des conquêtes et des alliances, mais au XIIe siècle, le château de Cannes (Castellum Marcellini) est attesté, sur le rocher qui domine la plage. Le château que les comtes de Provence possédaient est cité pour la première fois dans un acte de 1131 qui porte confirmation à l'abbé de Lérins de sa donation. Cet acte nous apprend que le château s'appelle "château de Marcellin" du nom, probablement, du premier propriétaire. L'acte dit encore que l'abbé possédera le château en pleine liberté, en tant que castel franc. Mais les seigneurs laïques, comme les évêques, sont jaloux de cette possession et vont tenter de recourir à la force pour enlever le lieu à l'abbé...
Il faudra donc une confirmation des droits de l'abbaye de Lérins pour que l'habitat féodal puisse connaître une relative expansion, et le Castrum-Franc devient le Castrum de Canoas vers 1200.
La protection des consuls de Grasse, désireux d'avoir un débouché maritime assuré, vient conforter la bourgade et Cannes se développe avec un magasin de sel. En 1370, Cannes comprend le castrum (la Castre) : la tour (château), l’église Notre Dame du Puy et cinq maisons. La ville, elle, est composée de vingt maisons et quatre casaux. Le bourg compte cinquante-deux maisons, huit casaux et dix-neuf boutiques.
Casal ou casau : terme venant du latin casa (maison), ancien provençal désignant une masure, une cahute de jardin, le plus souvent sans toit.