Lettre du 9 février 1916
(67S17)
Lecture par M. Fabien GAERTNER, comédien, ancien étudiant de l’ERAC.
Mots clés : prophylaxie, vie quotidienne
Le front des armées, le 9 février 1916,
Chers parents,
Je viens de recevoir votre lettre datée du 5 et je fais réponse pour vous donner de mes nouvelles qui sont assez satisfaisantes.
Toutes les fois que l’on est descendu au repos, c’est-à-dire après 8 jours de tranchées, on fait 8 jours de repos et on en profite pour nous « charcuter » également.
Dans le courant de cette semaine écoulée, on a reçu la 3e piqûre qui est la dernière, mais vous pouvez croire que l’on souffre.
On a également pendant notre repos, des distractions pour calmer les esprits, tels que des soirées cinématographiques, des concerts où de bons chanteurs y prennent part. Je me suis également présenté sur scène avec mon répertoire dans les « Dans les tranchées » Maurice d’Aurans, « la ronde du soir » et combien d’autres qui ont eu un grand succès et très applaudie. Aujourd’hui 9, il fait un temps tout à fait maussade, la neige tombe à gros flocons même que 5 centimètre couvrent déjà le sol. C’est un temps tout à fait dégoutant, car une fois cette neige fondue, on va patauger dans la mélasse pendant un certain temps.
Vous me dites sur votre lettre que Raoul feint d’agonir, et bien il en faut pas croire que ce n’est que ceux qui ont leur fils au front qui portent le deuil. Ces gens-là qui se croyaient à l’abri de tout, être bien tranquille pendant que d’autre prenaient leur place au front, ils viennent d’être atteint également. Enfin, sur ce, tournons le feuillet.
Mon rhume a passé et l’appétit continu à s’accentuer, il y a souvent des « peu ». Vous m’écrirez de suite à l’arrivée de la lettre précédente, pour savoir si les objets que je vous ai expédié vous les avez reçus.
Sur ce, je termine en vous embrassant tous du plus grand au plus petit, étroitement,
Bien le bonjour de mon ami Maunier
Hervé