Lettre du 05 mars 1916

Lettre du 05 mars 1916
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(67S18)

Lecture par M. Fabien GAERTNER, comédien, ancien étudiant de l’ERAC.
Mots clés : vie quotidienne, famille

Du repos, le 5 mars 1916,

 

Chers parents,

 

Nous voici arrivés au repos après 8 jours de tranchées comme je vous l’avais annoncé et pour 8 jours, on va peut-être dormir tranquille dans un de ces plumards en planches et pour sommier une toile métallique qui nous isole de l’humidité et de la dure.

On sera à l’abri des « gaspards », nom vulgaire imposé à nos rats de tranchées, rats tout à fait phénoménaux, d’une grosseur tout à fait extraordinaire dont la queue dépasse la grosseur du pouce et pèsent environs plus d’une livre. On pourra également tuer les « totos », c’est –à-dire les poux et les puces qui malgré le froid nous empêchent de dormir à peu près tranquilles. Les rats toute la nuit vous sautent par-dessus le visage ou bien dévorent nos vivres, trouent nos sacs et nos musettes.

Vous voyez d’ailleurs qu’on est pas au paradis.

J’espère que ma lettre comme toujours nous trouvera tous en bonne santé et que nos bambins doivent grandir et progresser, les grands à l’école et la p’tite Marcelle en bavardage et appétit.

Je n’oublie pas également mon cher Kléber qui doit toujours se tenir fringant et élégant, mais je ne sais trop quand j’irai le faire promener pour dérouille ses jambes.

Enfin, je ne vois plus rien qu’à vous embrasser tous affectueusement et étroitement,

 

Votre Hervé.

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