Georget raconte son Suquet
Témoignage oral, 2007
Ouvrir le sonLe Suquet : Georget Daumas est arrivé en 1924 au Suquet, au lieu-dit la « Cagarelle », partie haute de La Ferrage (une vespasienne avait dénommé ce lieu). Son enfance fut heureuse. Avant la construction de la voie rapide, de l’autre côté de la voie ferrée, il y avait des jardins ouvriers de cheminots. Les enfants traversaient la voie ferrée pour ramasser les cerises. L’un des amusements des enfants était la descente de la rue de La Ferrage sur une carriole. Ils partaient du haut du Suquet, et descendaient à vive allure. Sur la place du Suquet, il y avait à l’époque l’hôpital St Dizier. Lorsqu’il était enfant, une bonne sœur jetait des confiseries aux enfants. On trouvait au Suquet une ribambelle de métiers : les cordonniers appelés les « chabatis » ; les rétameurs qui travaillaient pour les grands hôtels ; les marchands de vêtements, de chaussures... Au Suquet, on comptait 7 à 10 enfants par famille : on les appelait des dynasties. Lorsque la municipalité a construit la voie rapide, ces familles ont été relogées, une partie aux Orangers, une autre à Ranguin. Le Suquet a commencé à se dépeupler. Aujourd’hui, les habitants sont parfois des étrangers, il y a des résidences secondaires. Il reste la placette, où les anciens se retrouvent pour palabrer. Le coiffeur, implanté sur cette place, assiste aux discussions. C’est à ce titre qu’on l’appelle « le maire du Suquet ». Les fêtes au Suquet : hormis les processions, la St Sauveur fut importante. Cette cérémonie fête les moissons et rappelle la chapelle du même nom existante au Suquet. A l’époque, les habitants dansaient et faisaient venir des musiciens (tambourin et gaboulet) sur la placette. La St Sauveur se fête le matin, il y a une messe provençale, puis à la sortie de l’église on vend les échaudés, on distribue des épis de blé, on rend hommage aux morts et on fait un aïoli. Tous les Suquétans participent.
Le marché Forville : sa grand-mère avait à l’origine un étalage à Grasse, mais Cannes prenant de l'importance, elle y obtint un emplacement, étant veuve. Ses mère et grand-mère travaillaient sur le marché. M. Daumas a grandi au sein du marché : bébé, il accompagnait ses parents, placé dans une corbeille derrière l’étalage. En 1939, il est obligé d’interrompre ses études : son père est mobilisé. On s’approvisionnait sur place, à Forville avant que le marché de gros soit délocalisé à la Bocca. Le marché Forville s’appelle ainsi car il est "en dehors" de la ville, c'est-à-dire du Suquet. M. Daumas a repris l’affaire familiale. Ils sont beaucoup dans ce cas. Le détaillant arrive à 4h du matin (avant c’était encore plus tôt), monte son étalage, étiquette ses produits. A midi, il commence à remballer la marchandise avec un charreton. Forville, c’était le ventre de Cannes ! Président du syndicat des détaillants en fruits et légumes, M. Daumas a pris la succession de son père. Il est élu par une assemblée pour un an. De sa présidence, il se souvient de la révolution de 1968, le marché n’était plus nettoyé. Il y avait un amoncellement de détritus, les détaillants n’arrivaient plus à travailler.