Déminer le bord de mer
DÉMINER LE BORD DE MER
En cette fin d’été 1944, la ville libérée porte les stigmates de deux années d’occupation. Le bord de mer est couvert de mines et d’ouvrages défensifs édifiés par les Allemands en prévision d’un débarquement allié : casemates d’artillerie (blockhaus), murs, barbelés et barrières antichars. Construits par des centaines de soldats polonais enrôlés de force et de travailleurs cannois réquisitionnés à partir de la fin de l’année 1943, ces ouvrages font partie du Mur de la Méditerranée – le Südwall – qui s’étend de Menton à Cerbère (Pyrénées-Orientales). Les travaux de déminage, prioritaires, doivent être menés au plus vite pour libérer le port, sécuriser la ville afin de lui redonner sa fonction d’accueil. Entre Cannes et Mandelieu, le rivage compte à lui seul près de 11 000 mines. Ce sont d’abord des Français, aidés de prisonniers de guerre, en application de la convention de Genève, qui vont être mobilisés mais l’effectif reste insuffisant car le travail est dangereux et mal rémunéré. La municipalité peut toutefois compter sur l’aide américaine, qui prête des détecteurs et un remorqueur, et aussi sur un renfort de cinq cents prisonniers obtenu du représentant du service de déminage en juin 1945. Pour autant, le déminage reste une opération longue et fastidieuse, les îles de Lérins sont dégagées tardivement en 1947. La diversité des mines employées nécessite une réelle expertise et malheureusement, des accidents surviennent régulièrement. Les mines tuent y compris au sein de la population ce qui oblige les autorités à diffuser des messages de prudence par voie de presse.
Le déminage du port est prévu les 25 et 26 septembre 1944. Il s’agit de détruire les mines mouillées et le filet anti sous-marin installé à l’entrée du port. De telles opérations entrainent de violentes explosions et imposent l’interdiction de circuler dans les secteurs du boulevard Hibert, du quai Laubeuf et de la jetée Albert-Edouard. La navigation et la pêche sont interdites.
Mines antichars et antivéhicules.
« Attention aux mines ! », L’Avenir de Cannes et du Sud-Est, n° du 12 janvier 1945. AMC, Jx14
Le 11 janvier 1945, l’explosion d’une mine dans un terrain privé tue neuf enfants et suscite une vive émotion parmi la population. Des accidents sont par ailleurs à déplorer au sein des équipes de déminage : sept tués dont le chef démineur à La Bocca lors de l’explosion de soixante mines le 16 avril 1945.
Fortification de la rade de Cannes en 1944, d’après Honoré Isnard. AMC, 4H60
Carte établie à partir des plans retrouvés en Allemagne.
Etat des opérations de déminage entreprises.
Le déblaiement du port et des épaves qui l’encombrent est réalisé à l’aide d’un ponton-bigue de 200 tonnes ramené pour l’occasion de Monaco par un remorqueur américain au début de l’année 1946.
L’armée américaine met à disposition du matériel pour le remorquage d’un ponton-bigue destiné au renflouement des épaves d’Antibes et de Cannes.