Revivre par le sport et la culture

Petit à petit, le sport reprend sa place à Cannes, désignée pendant l’entre-deux-guerres comme la « capitale des sports élégants ». S’il reste un outil majeur au service de l’attractivité touristique de la ville grâce à l’accueil de grandes manifestations sportives, mondaines mais aussi plus populaires (football, boxe, cyclisme, pétanque), le sport s’affirme après-guerre, période du retour à la vie, comme un « débouché sain » pour la jeunesse, selon les termes du docteur Picaud. Par conséquent, la municipalité investit dans un vaste programme de soutien aux associations et de création d’équipements sportifs la plupart sur des terrains acquis par mesures d’expropriation pour cause d’utilité publique : versements de subventions aux sociétés sportives locales, à de grands évènements et parallèlement, installation de terrains sportifs dans les établissements scolaires, aménagement d’un parc des sports au quartier des Hespérides pour y édifier le stade municipal. Sur le plan culturel, Cannes entend occuper une place de premier rang dans le domaine du cinéma. Ainsi, la municipalité encourage le développement de cet art très populaire et apporte son aide à la diffusion de films de qualité dans les salles de la ville. D’autre part, la diffusion de la lecture s’impose comme une priorité municipale avec la création d’une bibliothèque de prêt, facilité donnée aux travailleurs, et l’installation de la bibliothèque municipale à la villa Rothschild en mars 1947.

Arrêté concernant les établissements ouverts au public (cabarets, brasseries, cafés, bars) autorisés à rester ouverts après l’heure légale, 1er mai 1946. AMC, 2D11

Déjà présents avant-guerre, les clubs, bars et dancing, retrouvent une réelle vitalité avec la présence des permissionnaires américains.

La villa Rothschild avant-guerre, non daté.

Photographie anonyme. AMC, fonds famille Gérard, 25Fi2027

La belle et la bête, film de Jean Cocteau, 1946. AMC, 93W8
Sorti à Paris le 29 octobre 1946, à contre-courant du cinéma néoréaliste en pleine floraison, ce film fantastique, inspiré de deux contes de fées et d’une œuvre de théâtre, connaît un immense succès. Jean Cocteau confie à Jean Marais le triple rôle de la Bête, du Prince et d’Avenant (un personnage qu’il invente), amoureux de Belle et ami de son frère.

Le golf de Cannes-Mandelieu, non daté. Photographie Mi plaï, Paul Frossard. AMC, 49Fi92
Considéré comme un équipement touristique de premier plan, la ville fait l’acquisition du golf de Mandelieu par délibération municipale du 3 janvier 1946. Après d’importants travaux de remise en état, il ouvre ses portes en décembre de la même année.

Statuts du comité de gestion des terrains municipaux de sports, janvier 1945. AMC, 81W1
La gestion des terrains de sport est confiée à un comité chargé de les mettre à disposition du plus grand nombre : sociétés, associations et écoles.

Impôt sur les spectacles, révision du tarif pour 1945, séance extraordinaire du conseil municipal du 15 octobre 1945. AMC, 90W1

« Les nouveaux aménagements du stade des Hespérides », Nice-Matin, n° du 22 août 1946. AMC, PER20
Equipement phare de la ville, le stade municipal est installé aux Hespérides en 1945 avant de connaître une amélioration de ses installations l’année suivante.

La bataille du rail, film de René Clément, Nice-Matin, n° du 21 juin 1946. AMC, PER20
Chef d’œuvre du cinéma néoréaliste, *La Bataille du rail* est un vibrant hommage aux cheminots français, héros anonymes de la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. René Clément obtient le prix du jury international au premier festival international du film de Cannes en 1946.

« Poignée de nouvelles de l’ASC », Cannes-Riviera, n° du 12 septembre 1944. AMC, Jx108
L’activité des clubs sportifs reprend au lendemain de la Libération, toutes disciplines confondues.

« Nos cinémas », Cannes-Riviera, n° du 10 septembre 1944. AMC, Jx108

René Vietto (1914-1988)

Le coureur cycliste français René Vietto, surnommé « le roi René », jouit d'une immense popularité au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Cet enfant du pays, né le 17 février 1914 dans le quartier de Rocheville au Cannet, exerce un temps le métier de groom dans des établissements luxueux de la Côte d'Azur avant de se consacrer au cyclisme. Mobilisé en septembre 1939 pour le service auxiliaire dans le Vaucluse, fait prisonnier à Sully-sur-Loire pendant la débâcle, il s’évade deux mois plus tard et rentre à Cannes. Malgré les troubles causés par la guerre, les compétitions cyclistes reprennent peu à peu et Vietto est sacré champion de France de la zone non occupée en 1941. L’année suivante, il fait l'acquisition d'un magasin de cycles rue Jean-Jaurès à Cannes, et son apprenti, Jean-Apôtre Lazaridès dit Apo, devient son compagnon d'entrainement. A 38 ans, Vietto engage sa propre équipe sur le Paris-Nice dans ce qui sera sa dernière course professionnelle. Sur l’ensemble de sa carrière, ce grand champion, grimpeur d’exception, comptabilise huit victoires d’étapes au Tour de France et deux victoires d’étape au Tour d’Espagne.