Ravitailler la population
Eprouvés par plusieurs années de restrictions, les Cannois espèrent, une fois libérés de l’occupant allemand, une amélioration de leurs conditions de vie. Au contraire, les restrictions et les pénuries vont se durcir car la ville se trouve isolée suite aux destructions des voies ferrées et des ponts. L’approvisionnement ne peut plus se faire, dans un premier temps, que par la route. Plus généralement, c’est tout le département des Alpes-Maritimes, pauvre en ressources agricoles, qui souffre. Le ministre du Ravitaillement, Paul Ramadier, est même invité par le comité départemental de la libération des Alpes-Maritimes à se rendre sur place pour évaluer la situation (31 décembre 1944). Dans ce contexte, les tickets de rationnement ont toujours cours (et ce jusqu’en 1949) et le marché noir reste actif. Par conséquent, Cannes recourt à la solidarité des communes limitrophes, à celle d’autres départements ainsi qu’à l’aide étrangère pour disposer des denrées de base qui lui font défaut : lait, fruits et légumes, viande, beurre, fromage, etc. Entre 1944 et 1945, l’armée américaine, présente à Cannes, distribue des rations alimentaires composées entre autres de café, biscuits vitaminés, cacao, cigarettes, conserves de corned beef et de lait condensé. La commission du ravitaillement de Cannes reste impuissante face aux difficultés d’approvisionnement qui nourrit un mécontentement constant de la population car la direction départementale du Ravitaillement général à Nice a tout pouvoir dans l’organisation de la distribution des denrées contingentées.
Une délégation de ménagères cannoises en colère devant la carence du ravitaillement général part à Nice, accompagnée du docteur Picaud, où elle est reçue par le préfet Escande.
Dans ce courrier, le préfet répond aux requêtes de la commission du ravitaillement de Cannes qui réclame, entre autres, la suppression des taxes et le retour au marché libre pour les seules denrées non contingentées, légumes verts et fruits, afin de favoriser l’afflux de denrées sur le marché et en même temps de faire disparaître le marché noir.
Saisie de denrées alimentaires au bénéfice des prisonniers de guerre, des hôpitaux, des cantines scolaires, des sanatoriums et préventoriums cannois.
Cannes fait appel à la solidarité des communes nourricières voisines pour lui fournir des denrées alimentaires.
Rappel à l’ordre adressé au docteur Picaud sur la procédure à respecter en matière de collecte de denrées.
Les jardins ouvriers de l’œuvre de Saint-Vincent-de-Paul situés à la Bocca, à Rocheville, au Grand-Jas, au Cannet, ainsi que les terrains insalubres acquis ou réquisitionnés par la municipalité pendant la guerre au bénéfice des familles nombreuses ou sans ressources, sont peu à peu abandonnés après-guerre, malgré la persistance des problèmes de ravitaillement, pour servir les projets d’aménagement urbain.