Le nom de la Bocca

Huile de Joseph Contini (1827-1892) Les Pins de la Bocca env. 1890 © Musée de la Castre, n°2006.0.98, phot. C. Germain

Comme pour la plupart des noms de lieux, se reporter à l'étude savante de P. Vouland, Etude de toponymie régionale, parue en 2010, qui conteste la signification communément admise.

Au Moyen-Age, ce territoire est connu sous le nom d'ARBOQUATZ ou d'ARBOCASSIUM ou d'ALBOCCASSIUM. Au début du XVIIe siècle, la Carte particulière depuis Cauroux iusque a Nisse, conservée aux Archives municipales d'Antibes (cote 1Fi1) évoque le quartier de « Laboucasse ». L’orthographe évolue, et « Laboucasse » devient dans le cadastre de 1814 « Laboucas ». La dénomination se transforme même en « Laboucat » sur un plan de 1853 (cote AMC 1Fi96). Sur les plans, dès les années 1880, le terme "Laboucat" se transforme en "La Bocca". Cette orthographe se généralise. Pour beaucoup, ce terme signifie "embouchure". Effectivement, des réservoirs naturels s’y trouvent : le vallon de la Roquebillière, qui recueille les eaux pluviales ruisselant de la Croix-des-Gardes, la Maïre, qui draine une partie de la plaine, la Frayère et bien sûr la Siagne. Cependant, cette explication simpliste n'est pas validée par les linguistes, qui penchent pour un lieu escarpé, à l'intérieur des terres. Attribuer à La Bocca le sens d’embouchure est une erreur, erreur due au fait que l’on se fie à la forme moderne. Or, au fil des siècles, cette forme a tellement évolué qu’elle n’a plus rien à voir avec la forme primitive...

Les plus anciennes formes datent de 1369. Les voici : en latin : Albocassium  -  Albocatum - en provençal : Albocats  -  Albocatz. Nous avons trois éléments : Une racine : alb plus deux suffixes : oc et ats > as. ALB, base ligure, signifie : « hauteur ». Nous avons un suffixe provençal : - ats > as accolé à un autre suffixe, plus ancien : oc. Ats / atz  >  as  est effectivement provençal et date du Moyen-Âge. C’est un augmentatif. Occ / oc, lui, beaucoup plus vieux, est d’origine pré-indo-européenne. La Bocca, signifie donc non pas une bouche, ni une embouchure, mais une hauteur.

Reste à savoir comment de : Albocas on a pu arriver à : La Bocca. Cette mutation s’explique par les lois d’évolution phonétique. Le premier élément AL, va être considéré comme un article contracté formé de la préposition : – et de l’article défini : – l, et on assiste à un découpage : le- ou la-  d’une part : Bocas  >  Boucas de l’autre, d’où : le boucas ou : la boucas.

 


Textes de 1369 avec la vieille forme 'Plan cadastral, section B. 1814 (1Fi9)Terme LABOUCAS 1814 Feuillet d'un état de section du cadastre 1818 (AMC 1G4_034)La Bocca en 1884.jpgExtrait du plan nominatif du bâti de Cannes ouest avec des cotes altimétriques. 1891 (1Fi48)Tableau d'E. Buttura (1841-1920), Pêcheur à l'embouchure de la Siagne © Musée de la Castre, inv. 2005.0.355, phot. H GermainPlan indicateur de Cannes et ses environs. 1890-1900 (1Fi45)La Bocca, 1931 (AMC 1Fi64, partie)Vue prise sous les pins parasols, sur le littoral (AMC 19S39_02)

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