Lettre page 1

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Lecture par M. Fabien GAERTNER, comédien, ancien étudiant de l’ERAC.
Mots clés : description des combats 

 

Bois de Chepy, le 25 juillet 1915,

 

Chers parents,

Avant de quitter notre poste de réserve pour rentrer de nouveau au petit poste, je profite d’un instant de loisirs pour vous donner des nouvelles. Elles sont assez bonnes et espérant qu’elle se maintienne. Comment ma missive vous trouvera-t-elle ? J’espère aussi qu’il n’y aura pas de changement. Il y a du progrès dans l’Argonne.

La côte 263 nous l’avons perdue à nouveau, ce qui parait que nous avons eu dans la 9e environs 3 compagnies prisonnières. Pour le 14 juillet, le jour où le Kromprintz a voulu attaquer, il nous a fait reculer de 5 km en arrière et puis pour les refouler, le 4e  chasseurs à pieds à pris la pilule, le 46e et le 89e qui sont arrivés comme renfort, on les a transporté en auto, camion et ils ont débarqués bien sur la ligne de feu, même que en descendant, ils sont partis à la baïonnette. Vous devez penser si c’était terrible à voir ça. Les allemands avançant toujours grâce à leurs obus asphyxiants, nous ont laissés sur le terrain après 15 à 18 000 hommes morts, tandis que de notre côté il y en avait dans les 4 ou 5000. Pour forcer dans nos lignes, ils avaient organisé une armée de grenadiers qui se sont lancés dans la fournaise sans équipement, sans armes, ayant deux musettes pleines de grenades et tout autour de leur ceinture. Puis, derrière venait des gars costauds, avec baïonnette, canon et puis les ulhans avec sabre au clair. Toute cette troupe a été refoulée par l’artillerie qui débauche dans leurs rangs à zéro et vous devez penser quel carnage, surtout qu’ils s’avançaient en colonne par 8. Et maintenant il va falloir remettre tout ça jusque au haut de la côte et là, pensez un peu s’il va en dégringoler à nouveau. Depuis le 11, nous sommes dans les tranchées et nous savons pas quand on ira au repos. D’un côté, je ne le souhaite pas car avec son argent, on a pas ce qu’on veut, aussi il vaut mieux recevoir des colis de la maison.

Que puis-je vous dire à nouveau ? Le soir, nous allons en patrouille et ce n’est pas le rêve quand il faut franchir les lignes et les réseaux de fils de fer.

Vous me direz dans la prochaine lettre si vous avez reçu mon récit et me direz si ça vous plait.

Je ne vois plus rien qui intéresse beaucoup la famille et recevez encore de nouveau mes bien vives amitiés sincères et meilleures embrassades.

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